JE VOUS REGARDE DISPARAÎTRE
Yann Castanier
[Revelatœr]
Novembre 2023
ISBN 9782493152077
270 x 220 mm, 160 pages, relié
Je vous regarde disparaître est le sujet documentaire «le plus important de ma vie» selon Yann Castanier. « J’ai passé 15 auprès de mes grands-parents à les photographieren train de disparaître: d’abord mon grand-père, atteint de la maladie d’Alzheimer, ensuite ma grand-mère, qui s’était occupée de lui, atteinte d’une démence fronto-temporale. »
Cette histoire particulière a un écho en chacune de nos familles. Nous avons tous une personne touchée par une maladie neurodégénérative. Il ne s’agit plus de sensibiliser. Il s’agit de relater comment nous vivons ces moments de nos existences, comment nous réagissons à côté de la maladie et de la mort, ce qui se passe en nous et entre nous, ce qui nous permet de nous retrouver.
Cinq procédés photographiques, tous argentiques, se suivent pour rendre compte de l’évolution de leurs maladies. La matière se dégrade comme leurs cerveaux dysfonctionnent. Les images deviennent moins lisibles comme leurs perceptions de la réalité s’altèrent. L’émotion de leur disparition et le processus neurologique en cours sont transmis dans un même geste. En premier lieu, le grand-père de l’auteur est pris en photo dans unnoir et blanc charbonneux. Il est en EHPAD et bloqué dans le passé. Sa grand-mère essaie de le retenir de la chute dans des abymes de noirs profonds. Dans le même temps, Yann Castanier photographie sa grand-mère chez elle, seule, et les traces de son grand-père dans leur maison avec despellicules couleurs non-altérées. La colorimétrie est franche et fidèle.
Yann Castanier choisit d’utiliser des pellicules couleurs périmées comme troisième procédé. Il y a une continuité avec la couleur mais des nuances baveuses traduisent l’altération de sa perception de la réalité. Quelques années plus tard, elle subit un AVC. Les mots sont plus confus, souvent insensés. Dans un brouillard, elle devient de plus en plus inaccessible. Puis, la maladie prend le dessus. Les neurones s’imposent. Le photographe jette des produits chimiques sur des tirages de ses photos. Sa représentation et son être sont absorbés par la matière neuronale.